
Agriculture raisonnée, durable et canne à sucre
Traitements phytosanitaires
Contrairement à d’autres cultures agro-industrielles où de nombreux traitements chimiques (herbicides, insecticides, traitement antifongiques notamment) doivent être effectués pour garantir la production quantitative et qualitative, la canne à sucre ne nécessite que peu de traitements chimiques.
Les principaux traitements concernent les produits herbicides pour lutter contre la prolifération et la compétition des mauvaises herbes avec la canne à sucre. Ceux-ci se limitent le plus souvent à un traitement de pré-levée (après la plantation de la canne à sucre ou après sa récolte) suivi éventuellement d’un traitement en dirigé quelques mois plus tard pour cibler certaines mauvaises herbes qui auraient pu apparaître entre-temps.
Concernant les insecticides, ils se limitent en général, dans les régions concernées, aux traitements localisés anti-termites qui peuvent dans certains cas endommager la canne, ou causer des problèmes pour la mécanisation du fait de leurs édifices épigés.
Quant aux fongicides, ils ne sont que très rarement appliqués sur la canne à sucre en cas d’infections exceptionnelles, les variétés cultivées étant en effet sélectionnées pour résister aux principales maladies fongiques.
Raisonnement de la fertilisation
La canne à sucre, comme toute culture de grande échelle, se prête aisément au raisonnement de la fertilisation, afin d’apporter les éléments minéraux dont elle a besoin pour se développer.
Par ailleurs, la culture de la canne à sucre a pu bénéficier des avancées des nouvelles technologies, telles que le guidage des engins par GPS et les épandeurs à modulation d’engrais.
Ainsi, il est désormais possible, à partir de cartes de préconisation de fertilisation (établies elle-même à partir de carte de sols et de potentiel de production), d’ajuster localement et de manière automatique la dose d’engrais à apporter pour correspondre aux besoins effectifs de la plante. Il en résulte une meilleure valorisation de l’engrais sur les zones les plus productives et un moindre gaspillage sur les zones qui le sont moins. A noter enfin que l’utilisation d’engrais à libération contrôlée (engrais dont les éléments minéraux sont libérés progressivement dans le sol sur une durée de plusieurs mois) permet d’optimiser leur utilisation par la plante et de réduire les pertes par volatilisation (cas de l’urée) et par lessivage. Le recours à ces engrais est en conséquence associé à une diminution des doses de l’ordre de 30% par rapport aux engrais classiques.
Valorisation des sous-produits du process industriel sucrier
La canne à sucre est une des rares cultures agro-industrielle à pouvoir bénéficier des sous-produits du process de sa transformation.
Ainsi, plusieurs sous-produits du process industriels sont utilisés en remplacement des engrais tout en apportant de la matière organique permettant d’améliorer la fertilité du sol, il s’agit :
C’est ainsi le cas ainsi :
- des écumes (ou boues) de sucrerie, très riches en phosphore et calcium et qui permettent de remplacer des engrais phosphatés,
- de la mélasse (ou de la vinasse, dans le cas de sucrerie-distillerie), riche en potassium, et qui permet de remplacer les engrais potassiques.
Enfin, les excédents de bagasse (dont la plupart sont utilisés comme source d’énergie) peuvent être utilisés pour la production de compost. Ce dernier est épandu sur les sols pour en améliorer leurs propriétés physico-chimiques et valoriser l’usage des éléments minéraux apportés par les engrais.
Vers une utilisation des ressources biologiques
Certaines ressources biologiques utiles à la production agricole de la canne à sucre peuvent être utilisées, comme :
- les bio-agresseurs (prédateurs, parasitoïdes et entomopathogènes – insectes ou bactéries) qui combattent certains bioagresseurs de la canne à sucre (vers blancs, chenilles défoliatrices) sans recours à des solutions chimiques ;
- les mychorrizes (champignons) pour lesquels certains travaux récents montrent une symbiose avec les racines de canne à sucre permettant une meilleure assimilation des minéraux et de l’eau particulièrement dans des conditions particulièrement difficiles.
Canne à sucre et lutte contre l’érosion
La canne à sucre, du fait de sa densité et de son cycle annuel, permet de lutter plus efficacement contre l’érosion dans des conditions tropicales que d’autres cultures annuelles et de cycle court (maïs, soja, sorgho…).
En outre, le développement progressif de la récolte mécanisée procure, grâce aux résidus de pailles laissés au sol, une excellente protection du sol contre l’érosion et contre l’émergence de mauvaises herbes.